Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/81

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sa sollicitude maternelle, justement alarmée, s’efforça de calmer son irascible maître.

Elle jetait de l’huile sur le feu ; pour réduire les faits à leurs véritables proportions, il fallait nécessairement ôter au dada de M.  Coumbes la selle et la bride qui lui permettaient de l’enfourcher, attenter à ses idées dominatrices, exaspérer, par le doute de sa raison d’être, la susceptibilité de son orgueil de propriétaire. Millette ne réussit qu’à métamorphoser en une véritable fureur l’attitude douloureuse que celui-ci avait prise depuis le commencement de cette scène.

Comme il arrive à des gens à tempérament lymphatique, M.  Coumbes, lorsqu’il s’abandonnait à la colère, était incapable de la dominer. Dans son courroux de trouver un semblant de contradiction où il s’attendait si peu à en rencontrer, il se montra dur et cruel envers la pauvre Millette il alla jusqu’à parler d’ingratitude à propos des bienfaits dont il prétendait l’avoir comblée.

Marius l’écoutait la tête baissée : il souffrait bien vivement de voir maltraiter ainsi celle qu’il chérissait plus que la vie ; son corps était agité de tressaillements convulsifs, et de grosses larmes roulaient le long de ses joues brunes ; mais il avait un si profond respect pour M.  Coumbes, qu’il n’osa ouvrir la bou-