Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/82

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che pour la défendre, et qu’il se contenta d’élever ses yeux suppliants vers celui-ci.

Lorsque M. Coumbes quitta la cuisine, où il laissait Millette accablée et gémissante, Marius, après avoir adressé à sa mère quelques paroles consolatrices, rejoignit le maître du cabanon dans le jardin où, à la faveur de l’ombre du soir qui commençait de s’épaissir, ce dernier promenait les regrets que lui causait le dernier échec dans la tentative qu’il avait faite.

– Père, lui dit-il, il faut pardonner à la mère : elle est femme et elle a peur ; mais moi, je suis homme et me voici.

– Que dis-tu ? fit M. Coumbes, qui était bien loin de s’attendre à ce revirement de fortune.

– Qu’aussitôt que j’ai pu comprendre ses paroles ma mère me dit en vous montrant : « Voici celui auquel je dois la vie, mon enfant, et je prierai Dieu tous les jours afin qu’il permette que tu fasses pour lui ce qu’il a fait pour moi. Non content de m’avoir sauvée, il ne m’a point abandonnée dans ma détresse. Le ciel sera assez juste pour permettre que nous lui témoignions un jour notre reconnaissance. » J’étais bien petit lorsqu’elle parlait ainsi, père ; cependant jamais ces mots ne sont sortis de ma mémoire, et, aujourd’hui, je veux vous prouver