Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/87

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des stores de couleur y conservaient, le silence des deux commis, leur assiduité, faisaient de cette pièce une espèce de temple du travail et de la paix, dans lequel Marius éprouvait quelque peine à maintenir à un degré d’incandescence l’exaltation qu’il s’était procurée en fouettant tout à la fois le sang de ses artères et sa respectueuse affection pour M. Coumbes.

Heureusement pour la cause qu’il s’était chargé de soutenir, la porte d’un cabinet s’ouvrit et un monsieur en sortit. Le commis peu communicatif, toujours à l’aide de sa plume, qui servait télégraphiquement à ses communications, indiqua à Marius qu’il devait entrer dans le cabinet d’où sortait ce monsieur.

Le jeune homme assura son chapeau sur sa tête, reprit la physionomie que cette séance préliminaire lui avait fait atténuer et pénétra dans le cabinet. Il avait fait un pas en avant pour franchir la porte ; mais il n’eut pas plus tôt jeté les yeux dans le cabinet, qu’il en fit deux en arrière pour reculer ; il porta la main à sa tête pour saluer avec tant de précipitation, que sa coiffure, échappant de ses doigts, roula sur les nattes de Calcutta qui couvraient le parquet.

Au lieu de M. Jean Riouffe, au lieu du jeune homme insolent pour lequel il avait fait des préparatifs si menaçants, il se trouvait en face d’une charmante jeune fille qui était seule dans ce bureau.