Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/93

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– Mademoiselle, répliqua Marius, stupéfait de cette proposition, autant qu’émerveillé de l’air mâle et décidé de la jeune fille, ce que vous me demandez, si flatteur que cela soit pour moi, offrirait cependant, si je l’acceptais, un inconvénient. Monsieur votre frère ne manquerait pas de supposer que ma résolution d’obtenir satisfaction des offenses dont depuis deux mois il poursuit mon père n’est pas sérieuse. Souffrez qu’après vous avoir remerciée, je ne l’accepte pas.

– Je ferai en sorte que ce que vous redoutez n’arrive pas, monsieur, et c’est un signalé service que je vous prie de me rendre.

– Veuillez m’expliquer, mademoiselle, les raisons qui vous déterminent à me le demander avec tant d’instance.

– Elles sont faciles à comprendre : mon frère est coupable, je le sais ; rien ne peut excuser les outrageantes plaisanteries qu’il s’est permises contre M.  Coumbes ; mais j’hésite à croire qu’il faille son sang pour les réparer, et je pense que l’expression de ses sincères regrets et ses excuses y suffiraient. Si un étranger les lui demande, quelque honorables qu’elles soient lorsqu’elles s’adressent à un homme de l’âge et du caractère de M.  Coumbes, jamais il ne voudra s’y résoudre ; en face de sa sœur, il n’aura point à rougir, et je crois avoir assez de crédit sur