Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/109

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– Écoutez, dit Agnelette les larmes aux yeux, car elle ne s’éloignait pas sans faire un grand effort sur elle-même, si cette bague m’est vraiment destinée…

– Agnelette, je vous le jure.

– Eh bien, donnez-la-moi à garder jusqu’au jour de notre mariage, et, ce jour-là, je vous la rendrai pour que vous la fassiez bénir.

– Je ne demande pas mieux que de vous la donner, Agnelette, reprit Thibault ; mais je veux la voir à votre jolie main. Vous m’avez fait une observation très juste : c’est qu’elle était trop large pour vous. Je vais aujourd’hui à Villers-Cotterêts : nous allons prendre la mesure de votre doigt, et je la ferai scier par M. Dugué, l’orfèvre.

Le sourire reparut sur les lèvres d’Agnelette et les larmes se séchèrent subitement dans ses yeux. Elle tendit sa petite main à Thibault. Thibault la prit un instant dans les siennes, la tourna et la retourna, puis il y appliqua un baiser.

– Oh ! dit Agnelette, ne baisez donc pas ma main ainsi : elle n’est pas assez belle, monsieur Thibault.

– Alors, donnez-moi autre chose.

Agnelette lui donna son front. Puis, avec une joie enfantine :

– Voyons, dit-elle, voyons la bague.

Thibault tira la bague de sa main, et, en riant, voulut l’essayer au pouce d’Agnelette.

Mais, à son grand étonnement, la bague se trouva trop étroite et ne put passer la seconde phalange.

– Tiens ! fit Thibault, qui jamais aurait dit cela ?

Agnelette se mit à rire.

– En effet, dit-elle, c’est drôle !

Thibault essaya l’anneau au doigt indicateur d’Agnelette.

L’anneau refusa d’entrer, comme il avait fait pour le pouce.