Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/110

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Alors Thibault essaya du médium.

On eût dit que l’anneau se rétrécissait de plus en plus, comme s’il craignait de souiller cette main virginale.

Après le médium, Thibault voulut passer la bague à l’annulaire.

C’était le même doigt auquel il la portait lui-même.

Même impossibilité que pour les autres.

Au fur et à mesure que l’expérience se faisait, Thibault sentait trembler la main d’Agnelette dans les siennes, et la sueur tombait de son front, à lui, comme s’il eût accompli la plus fatigante besogne.

Il sentait qu’il y avait là-dessous quelque chose de diabolique.

Enfin, il l’essaya au petit doigt d’Agnelette.

Ce petit doigt, frêle et transparent, autour duquel l’anneau devait jouer aussi facilement qu’un bracelet eût joué à celui de Thibault, ce petit doigt, malgré les efforts que fit Agnelette, ne put entrer dans l’anneau.

– Ah ! monsieur Thibault, s’écria l’enfant, que veut donc dire cela, mon Dieu ?

– Anneau de Satan, retourne à Satan ! s’écria Thibault.

Et il jeta l’anneau contre un rocher, dans l’espérance de l’y briser.

L’anneau fit feu comme si Thibault eût donné un coup de pied contre le granit, rejaillit vers lui, et, en rejaillissant, rentra de lui-même à son doigt.

Agnelette vit cette évolution étrange de la bague et regarda Thibault avec effroi.

– Eh bien, demanda Thibault essayant de payer d’audace, qu’y a-t-il ?

Agnelette ne répondit pas.