Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/115

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Seulement, cette fois-ci, de peur de rencontrer Agnelette, il se garda bien de suivre le même chemin, et, au lieu d’appuyer à gauche, il appuya à droite.

Il en résulta qu’il déboucha à la route de la Ferté-Milon et prit à travers les champs un petit sentier qui le conduisit droit à Pisseleu.

Une fois à Pisseleu, il descendit dans la vallée qui conduit à Coyolles.

Il n’y était pas depuis cinq minutes, qu’il aperçut, marchant devant lui et conduisant deux ânes chargés de blé, un grand garçon qu’il reconnut pour un sien cousin, nommé Landry. Le cousin Landry était premier garçon de moulin chez la belle meunière.

Comme Thibault ne connaissait la veuve Polet qu’indirectement, il avait compté sur Landry pour être son introducteur au moulin.

C’était donc une bonne fortune que sa rencontre.

Thibault doubla le pas et rejoignit Landry.

En entendant le bruit des pas qui emboîtaient les siens, Landry se retourna et reconnut Thibault.

Thibault, qui avait toujours trouvé dans Landry un bon compagnon de joyeuse humeur, fut tout étonné de lui voir cette fois la physionomie triste et chagrine.

Landry s’arrêta, tandis que ses ânes continuaient leur route, et attendit Thibault.

Ce fut celui-ci qui, le premier, lui adressa la parole.

– Eh bien, demanda-t-il, cousin Landry, qu’est-ce que cela ? Je me dérange, je quitte mon atelier pour venir serrer la main à un parent et à un ami que je n’ai pas vu depuis plus de six semaines, et voilà la mine que tu me fais !

– Eh ! mon pauvre Thibault, répondit Landry, que veux-tu ! je te fais la mine que j’ai, et cependant, tu me croiras si tu veux, mais au fond je suis bien joyeux de te voir.