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C’était le bailli qui rentrait, une bouteille de chaque main et une bouteille sous chaque bras.

Les deux bouteilles qu’il tenait sous chaque bras étaient deux bouteilles de sillery mousseux première qualité, qui, n’ayant point crainte d’être secouées, pouvaient conserver la position horizontale.

Les deux qu’il portait à la main, et qu’il tenait avec un respect qui faisait plaisir à voir, étaient, l’une une bouteille de chambertin haut cru, l’autre une bouteille de l’ermitage.

L’heure du souper était venue.

À l’époque où nous en sommes, on dînait, on se le rappelle, à midi, et l’on soupait à six heures.

D’ailleurs, à six heures, dans le mois de janvier, il fait nuit depuis longtemps, et, quand on mange aux lumières, qu’il soit six heures ou minuit, il me semble toujours que l’on soupe.

Le bailli posa délicatement ses quatre bouteilles sur une table, puis il sonna.

Perrinette entra.

– Quand pourrons-nous nous mettre à table, la belle enfant ? demanda Magloire.

– Quand monsieur voudra, répondit Perrine. Comme je sais que monsieur n’aime point à attendre, tout est prêt.

– Alors, demandez à madame si elle ne viendra pas ; dites-lui, Perrine, que nous ne voulons pas nous mettre à table sans elle.

Perrine sortit.

– Passons toujours dans la salle à manger, dit le petit bonhomme ; vous devez avoir faim, mon cher hôte, et, quand j’ai faim, moi, j’ai l’habitude de réjouir l’appétit des yeux avant l’appétit de l’estomac.

– Oh ! dit Thibault, vous me faites l’effet d’un fier gourmand, vous !