Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/202

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Cependant il profita du chemin qui lui était ouvert pour sortir de la chambre.

Grâce à sa faculté de voir dans les ténèbres, il alla droit à la porte, l’ouvrit, et, franchissant le seuil de cette maison où il laissait de si douces espérances ensevelies à jamais, il referma la porte si violemment, que toute la maison en trembla.

Certes, il fallait qu’il se représentât l’inutile dépense de souhaits et de cheveux qu’il avait faite dans cette soirée, pour qu’il ne demandât point que cette maison s’abîmât dans les flammes avec ceux qu’elle contenait.

Ce ne fut qu’au bout de dix minutes que Thibault s’aperçut du temps qu’il faisait.

Il pleuvait à verse.

Mais d’abord cette pluie, quoiqu’elle fût glacée, et même parce qu’elle était glacée, sembla faire du bien à Thibault.

Comme l’avait dit naïvement le bon Magloire, sa tête flambait. En sortant de chez le bailli, Thibault s’était lancé au hasard par la campagne.

Il ne cherchait pas plus un endroit qu’un autre.

Il cherchait l’espace, la fraîcheur et le mouvement.

Sa course vagabonde le porta d’abord dans les fonds de Value.

Mais il ne s’aperçut lui-même où il était qu’en apercevant de loin le moulin de Coyolles.

Il jeta en passant une malédiction sourde à la belle meunière, passa comme un insensé entre Vauciennes et Coyolles, et, voyant une grande masse noire devant lui, il s’y précipita. Cette masse noire, c’était la forêt.

La route de la queue de Ham, qui conduit de Coyolles à Préciamont, se trouvait devant lui.

Il la prit au hasard.