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XIV

une noce de village


À peine Thibault eut-il fait cinq cents pas dans la forêt, qu’il se trouva au milieu de ses loups.

Il eut plaisir à les revoir.

Il ralentit sa course.

Il les appela.

Les loups se pressèrent autour de lui.

Thibault les caressa comme un pasteur fait de ses brebis, comme un piqueur fait de ses chiens.

C’était son troupeau, c’était sa meute.

Troupeau aux yeux flamboyants, meute aux regards de flamme.

Au-dessus de sa tête, dans les branches sèches, sautillaient sans bruit ou voletaient en silence les chats-huants aux houhoulements plaintifs, et les chouettes aux cris funèbres.

Et dans les branches, comme des charbons ailés, on voyait scintiller les yeux des oiseaux de nuit.

Thibault semblait être le centre d’un cercle infernal.

De même que les loups venaient, en le caressant, se coucher à ses pieds, de même les hiboux et les chouettes semblaient attirés vers lui.

Les hiboux effleuraient ses cheveux du bout de leurs ailes silencieuses.

Les chouettes venaient se percher sur son épaule.

– Ah ! ah ! murmura Thibault, je ne suis donc pas l’ennemi de toute la création : si les hommes me détestent, les animaux m’aiment.