Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rées, on m’a dit qu’au dernier assaut vous aviez touché Saint-Georges.

Thibault ne savait pas ce que c’était que Saint-Georges. Mais il se sentait une fermeté et une élasticité de poignet, grâce auxquelles il lui semblait qu’il eût touché le diable en personne.

Jusque-là, il s’était borné à la défense ; mais, tout à coup, à la suite d’un un ou deux mal attaqué par le comte, il vit un jour, se fendit et lui traversa l’épaule d’un coup droit.

Le comte laissa échapper son épée, plia sur la jambe gauche, et tomba un genou en terre en criant :

– À moi, Lestocq !

Thibault eût dû remettre son couteau de chasse au fourreau et fuir. Par malheur, il se rappela le serment qu’il avait fait, s’il rencontrait le comte, de lui couper les jarrets comme celui-ci avait fait à son cheval.

Il glissa la lame tranchante sous le genou plié et tira à lui.

Le comte jeta un cri.

Mais, en se relevant, Thibault sentit à son tour une vive douleur entre les deux épaules, puis une sensation glacée qui lui traversait la poitrine.

Puis, enfin, au-dessus de la mamelle droite, il vit sortir la pointe d’un fer.

Puis il ne vit plus rien qu’un nuage de sang.

Lestocq, que son maître avait, en tombant, appelé à son aide, y était venu et avait profité du moment où Thibault se relevait, après avoir coupé les jarrets du comte, pour lui enfoncer son couteau de chasse entre les deux épaules.