Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/247

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Des paysans l’avaient vu, et, sans le connaître, ayant pitié de ce beau jeune homme tout couvert de sang, ils avaient fabriqué un brancard avec des branches d’arbre et le transportaient à Villers-Cotterêts sur ce brancard.

Mais, arrivé à Puiseux, le blessé se sentit incapable de supporter plus longtemps le mouvement.

Il demanda qu’on le déposât chez le premier paysan venu, où il attendrait qu’on lui envoyât un médecin.

Les porteurs le déposèrent chez le curé du village.

Thibault tira deux pièces d’or de la bourse de Raoul, donna ces deux pièces d’or aux paysans pour les remercier de la peine qu’ils avaient prise et de celle qu’ils allaient prendre encore.

Le curé disait sa messe.

En rentrant, il jeta les hauts cris.

Eût-il été Raoul lui-même, Thibault n’eût pas choisi un meilleur hôpital.

Le curé de Puiseux avait été autrefois vicaire à Vauparfond et avait été chargé à cette époque de la première éducation de Raoul.

Comme tous les curés de campagne, il savait ou croyait savoir un peu de médecine.

Il examina la plaie de son ancien élève.

Le fer avait glissé sous l’omoplate, avait traversé le poumon droit et était sorti par-devant, entre la deuxième et la troisième côte.

Il ne se dissimula point la gravité de la blessure.

Cependant, il ne dit rien que le docteur ne fût arrivé. Le docteur arriva et visita la plaie.

Il hocha piteusement la tête.

– Est-ce que vous ne le saignez pas ? demanda le prêtre.

– Pour quoi faire ? demanda le médecin. Sur l’heure où il a reçu le coup, oui, cela eût pu être utile ; mais