– Vous pouvez m’aider à me venger de lui ?
– Quand vous voudrez.
– Tout de suite ?
– Nous sommes mal ici.
– Où serions-nous mieux ?
– Dans votre chambre, par exemple.
– Nous ne pouvons rentrer ensemble.
– Non ; mais je puis passer par la brèche ; mademoiselle Lisette peut m’attendre dans la fabrique où M. Raoul enfermait son cheval ; elle peut me conduire par l’escalier tournant et m’ouvrir votre chambre. Si vous êtes dans votre cabinet de toilette, je vous attendrai, comme avant-hier a fait M. Raoul.
Les deux femmes frissonnèrent de la tête aux pieds.
– Qui êtes-vous pour connaître tous ces détails ? demanda la comtesse.
– Je vous le dirai quand il sera temps que je vous le dise.
La comtesse hésita un instant.
Mais, prenant sa résolution :
– C’est bien, dit-elle, passez par la brèche ; Lisette vous attendra dans l’écurie.
– Oh ! madame, s’écria la chambrière, je n’oserai jamais aller chercher cet homme !
– J’irai, moi, dit la comtesse.
– À la bonne heure ! dit Thibault, voilà une femme !
Et, se laissant glisser dans une espèce de ravin qui bordait la route, il disparut.
Lisette pensa s’évanouir.
– Appuyez-vous sur moi, mademoiselle, dit la comtesse, et marchons ; j’ai hâte de savoir ce que cet homme a à me dire.
Les deux femmes rentrèrent par la ferme.
Personne ne les avait vues sortir, personne ne les vit rentrer.