Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/265

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toyés comme pour un cabinet d’anatomie ou un atelier de peinture.

Ce squelette était tout frais et semblait de la nuit même.

– Ah ! ah ! dit Thibault, voilà, selon toute probabilité, de l’ouvrage de mes amis les loups. Il paraît qu’ils ont profité de la permission que je leur ai donnée.

Il descendit dans le ravin, car il était curieux de savoir à qui avait appartenu le cadavre, et sa curiosité était facile à satisfaire.

La plaque, qui sans doute n’avait point paru à messieurs les loups d’aussi facile digestion que le reste, était toujours sur la poitrine du squelette comme une étiquette sur un ballot.


J.-B. Lestocq,
garde particulier de M. le comte de Mont-Gobert.


– Bon ! dit Thibault en riant, en voilà un qui n’a pas porté loin la peine de son assassinat !

Puis, le front soucieux, à voix basse et sans rire cette fois, Thibault ajouta comme en se parlant à lui-même.

– Est-ce que, par hasard, il y a une Providence ?

La mort de Lestocq n’était point difficile à comprendre.

En se rendant la nuit de Mont-Gobert à Longpont, sans doute pour exécuter quelque ordre de son maître, le garde du comte avait été attaqué par les loups. Il s’était défendu d’abord avec le même couteau de chasse dont il avait frappé le baron Raoul, car Thibault retrouva ce couteau à quelques pas du chemin, à un endroit où la terre, puissamment égratignée, indiquait une lutte ; puis, désarmé de son couteau de chasse, Lestocq avait été entraîné par les animaux féroces dans le ravin, et, là, dévoré par eux.