Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/272

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À peine si l’on voyait dans le parc la trace du sentier.

Deux ou trois fois Thibault s’arrêta, prêtant l’oreille ; il lui semblait avoir entendu à sa droite et à sa gauche craquer les branches sous des pas qui semblaient se régler sur le sien.

Arrivé à la brèche, Thibault entendit distinctement une voix qui disait :

– C’est lui !

Au même instant, deux gendarmes embusqués en dehors de la brèche, sautèrent au collet de Thibault, tandis que deux autres l’attaquaient par-derrière. Cramoisi, qui, dans sa jalousie contre Lisette, veillait et rôdait une partie des nuits, avait vu, la veille, entrer et sortir par des chemins détournés un homme inconnu et l’avait dénoncé au brigadier de la gendarmerie.

La dénonciation devint encore plus grave lorsque l’on sut les nouveaux malheurs arrivés au château.

Le brigadier envoya quatre hommes avec ordre d’arrêter tout rôdeur suspect.

Deux des quatre hommes, guidés par Cramoisi, s’embusquèrent à la brèche ; les deux autres suivirent pas à pas Thibault dans le parc.

On a vu comment, au signal de Cramoisi, tous les quatre s’étaient jetés sur lui.

La lutte fut longue et opiniâtre.

Thibault n’était point un homme que quatre gendarmes pussent abattre ainsi sans difficulté.

Mais il n’avait pas d’armes ; sa résistance fut inutile.

Les gendarmes y avaient mis d’autant plus de persistance qu’ils avaient reconnu Thibault, et que Thibault, recommandé par les différents malheurs qu’il avait traînés à sa suite, commençait à avoir une détestable