Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/276

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prudence gendarme ; les loups se mangent, quoi qu’en dise le proverbe, et, quand ils vont avoir goûté du sang, je ne sais pas si, moi-même, je pourrai les retenir.

Les loups se jetèrent tous ensemble sur leur camarade blessé. Au bout de cinq minutes, il n’en restait plus que les os.

Les gendarmes avaient profité de ces cinq minutes de répit pour gagner du chemin, ne lâchant pas Thibault et le forçant de courir avec eux. Mais ce qu’avait prédit Thibault arriva.

On entendit tout à coup comme un ouragan.

C’était la meute qui arrivait au grand galop.

Les chevaux, lancés au trot, refusèrent de reprendre le pas, effrayés par le piétinement, l’odeur et le hurlement des loups.

Ils se mirent au galop, malgré les efforts de leurs cavaliers.

Celui qui tenait Thibault par la corde n’ayant pas trop de ses deux mains pour maîtriser son cheval, lâcha le prisonnier.

Les loups bondirent les uns sur la croupe, les autres à la gorge des chevaux.

Dès que ceux-ci sentirent les dents aiguës de leurs adversaires, ils s’élancèrent dans toutes les directions.

– Hourra, les loups ! hourra ! cria Thibault.

Mais les terribles animaux n’avaient pas besoin d’être encouragés. Outre les deux ou trois qu’il avait après lui, chaque cheval en eut bientôt six ou sept à sa poursuite.

Chevaux et loups disparurent dans toutes les directions, et l’on entendit bientôt, s’affaiblissant dans l’éloignement les cris de détresse des hommes, les hennissements de douleur des chevaux et les hurlements de rage des loups.