Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chercher ; le loup, c’est au point du jour que cela se chasse.

– Comment ! c’est pour chasser le loup que tu me le demandes ?

– N’avez-vous pas peur que le loup ne vous le mange ?

– Mocquet ! Mocquet !

– Eh ! quand je vous dis que je réponds de tout !

– Mais où couchera-t-il, le malheureux enfant ?

– Chez le père Mocquet, donc ! Il aura un bon matelas à terre, des draps blancs comme ceux que le Bon Dieu a étendus sur la plaine, et deux bonnes couvertures chaudes ; il ne s’enrhumera pas, allez !

– Eh ! non, mère, sois donc tranquille ! Allons, Mocquet, je suis prêt.

– Et tu ne m’embrasses seulement pas, malheureux enfant !

– Oh ! si fait, petite mère, et plutôt deux fois qu’une !

Et je me jetai au cou de ma mère, que j’étouffais à force de la serrer dans mes bras.

– Et quand te reverra-t-on ?

– Oh ! ne soyez pas inquiète s’il ne revient que demain soir.

– Comment, demain soir ! Et tu me disais au point du jour !

– Au point du jour pour le loup ; mais, si nous faisons buisson creux, il faudra bien lui faire tirer un ou deux canards sauvages dans les marais de Vallue, à cet enfant.

– Bon ! tu vas me le noyer !

– Cré nom ! dit Mocquet, si je n’avais pas l’honneur de parler à la femme de mon général, je vous dirais…

– Quoi, Mocquet, que dirais-tu ?

– Que vous ne ferez qu’une poule mouillée de votre fils. Mais, si la mère du général avait été derrière lui à le tirer par les basques de son habit comme vous