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XXIV

une chasse enragée


Thibault avait une grande avance sur les chiens, grâce à la précaution qu’il avait prise de détaler aux premiers abois du limier.

Il fut assez longtemps sans entendre la meute.

Cependant, tout à coup, ses hurlements, comme un roulement de tonnerre, lui arrivèrent de l’horizon, et commencèrent à lui causer quelque inquiétude.

Il quitta le trot, redoubla de vitesse et ne s’arrêta que quand il eut mis quelques lieues de plus entre ses ennemis et lui.

Alors, il regarda autour de lui et s’orienta : il était sur les hauteurs de Montaigu.

Il prêta l’oreille.

Les chiens lui semblèrent avoir conservé leur distance : ils étaient aux environs du buisson du Tillet.

Il fallait l’oreille d’un loup pour les entendre à cette distance.

Thibault redescendit comme s’il allait au-devant d’eux, laissa Erneville à sa gauche, sauta dans le petit cours d’eau qui y prend sa source, le descendit jusqu’à Grimaucourt, se lança dans les bois de Lessart-l’Abbesse et gagna la forêt de Compiègne.

Sentant alors que, malgré les trois heures de course rapide qu’il venait de faire, les muscles d’acier de ses jambes de loup ne semblaient point fatigués le moins du monde, il se rassura un peu.

Il hésitait cependant à se hasarder dans une forêt qui lui était moins familière que celle de Villers-Cotterêts.