Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/36

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– Tonnerre de Dieu ! cria tout à coup le garde champêtre, j’ai manqué lui marcher sur la queue ! Au loup ! au loup ! au loup ! À toi, Mocquet ! À toi !

Et, en effet, quelque chose venait à nous comme une balle. L’animal s’élança hors de la remise, rapide comme un éclair, juste entre moi et Mocquet.

C’était un énorme loup, presque blanc de vieillesse.

Mocquet lui envoya ses deux coups de fusil.

Je vis ses deux balles ricocher dans la neige.

– Mais tirez donc ! cria-t-il ; tirez donc !

Seulement alors, j’épaulai, je suivis un instant l’animal et fis feu. Le loup fit un mouvement comme pour mordre son épaule.

– Il en tient ! il en tient ! cria Mocquet ; l’enfant a mis le bout au droit ! Aux innocents les mains pleines.

Cependant le loup continuait sa course et piquait droit sur Moynat et Mildet, les deux meilleurs tireurs de toute l’inspection. Tous les deux firent feu de leur premier coup dans la plaine, de leur second coup sous bois. On vit les deux premières balles se croiser et sillonner la neige en la faisant rejaillir. De ces deux premières balles le loup n’avait pas été touché, mais sans doute il était tombé sous les autres.

Il était inouï que les deux gardes qui venaient de faire feu manquassent leur coup.

J’avais vu tuer à Moynat dix-sept bécassines de suite.

J’avais vu Mildet couper en deux un écureuil qui sautait d’un arbre à l’autre.

Les gardes avaient suivi le loup sous bois. Nous regardions, haletants, l’endroit où ils avaient disparu.

Nous les vîmes reparaître l’oreille basse et hochant la tête.

– Eh bien ?… cria Mocquet interrogeant les tireurs.

– Bon ! fit Mildet avec un mouvement de bras, il est à Taille-Fontaine maintenant.