Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/52

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chée : c’était d’être un peu plus envieux du bien de son prochain qu’il ne convenait pour le salut de son âme.

Mais c’était encore chez lui un sentiment si inoffensif, qu’il n’appartenait qu’à son confesseur de lui faire honte d’un crime qui n’existait encore dans son âme qu’à l’état de péché.


II

le seigneur et le sabotier.


Donc, comme nous avons dit, le daim vint se faire battre dans les bordures d’Oigny, tournant et virant autour de la hutte de Thibault.

Or, comme il faisait beau, quoique ce fût déjà vers l’automne, et que même l’automne fût avancé, Thibault creusait un sabot sous son appentis.

Tout à coup, Thibault aperçut à trente pas de lui le daim tout frissonnant, tremblant sur ses quatre jambes et le regardant de son œil intelligent et effaré.

Depuis longtemps, Thibault entendait la chasse qui tournoyait à l’entour d’Oigny, se rapprochant, s’éloignant, se rapprochant encore du village.

La vue du daim n’eut donc rien qui l’étonnât.

Il suspendit le mouvement de son paroir, dont il faisait cependant grande besogne, et se mit à contempler l’animal.

– Par la Saint-Sabot ! dit-il, – la Saint-Sabot, avons-nous besoin de le dire, est la fête des sabotiers –, par la Saint-Sabot ! dit-il, voilà un joli morceau, et qui ferait bien le pendant du chamois que j’ai mangé à Vienne, au grand repas des compagnons du Dauphiné ! Bien-