Page:Dumas - Le Mois, tomes 1 à 2, mars 1848 - novembre 1849.djvu/11

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la Gallicie, Mohilew, Vitepsk, Polotsk, Minsk, liyalisiock, Kaminietz, Tarnopol, Wilna, Grodninsk, Varsovie.

Sur la Turquie:
Une partie de la petite Tartarie, la Crimée, la Bessarabie, le littoral de la mer Noire, le protectorat de la Servie, de la Moldavie, de la Valachie.

Sur la Perse :
La Géorgie , Tifflis, Erivan, une partie de la Circassie.

Sur l'Amérique :

Les îles Aleutiennes, et la partie nord-ouest du continent septentrional de l'archipel Saint-Lazare. Sa plus grande longueur est de trois mille huit cents lieues, sa plus grande largeur de quatorze cents. • Elle compte soixante-dix millions d'habitants.

De l'autre côté de la mer Noire, elle regarde la Turquie, qu'elle s'apprête à envahir, aussitôt que la France et l'Angleterre, ou même l'une ou l'autre de ces deux puissances, lui en donnera la permission.

Puis, si un jour elle s'adjoint la Suède, elle fermera le détroit du Sund à l'occident, le détroit des Dardanelles à l'orient, et nul ne pénétrera plus, qu'à son plaisir, dans la mer Noire et dans la Baltique, ces deux miroirs qui réfléchissent déjà, l'un Pétersbourg, l'autre Odessa.

Maintenant examinons l'Autriche.

L'Autriche, il y a cent ans, vient presque d'échapper à Marie-Thérèse; aussi, à la paix de 1748, se hàte-t-elle d'assurer l'héritage impérial à sa famille, en cédant:

La Silésie au roi de Prusse,
Une partie du Milanais au duc de Savoie;
Les duchés de Parme, de Plaisance et de Guasialla à don Philippe, troisième fils de Philippe V.
Ce qui la réduit à la Gallicie et la Ladomerie au nord ;
A l'Autriche proprement dite, à la Carinthie, à la Carniole, aux États de Venise et au Tyrol, à l'ouest ;
A I'Esclavonie et à la Croatie au sud ;
À la Transylvanie a l'est ;
Et au centre à la Hongrie.

C'est en cet état que l'Autriche atteint le traité de Campo-Formio, traité qui la retreint encore, en donnant :

A la France :
La Belgique, Manheim , Philipsbourg, Corfou, Zante, Céphalonie, Sainte-Maure, Cerigo et l'Albanie.

A la république Cisalpine: La Lombardie autrichienne, les États de terre ferme de Venise.

Au duc de Modène:
Le Brisgaw.

Mais, au congrès de Vienne, l'Autriche reprend sa revanche, et on lui paie d'un seul coup, avec toutes ses défaites, la violation de la capitulation de Dresde.

On lui rend tout ce qu'elle a perdu au traité de Campo-Formio, moins les Pays-Bas.

Elle ressaisit tous les territoires auxquels elle a renoncé par les traités de Lunéville, de Presbourg et de Vienne ; elle réunit de nouveau tous les Etats vénitiens sur les deux rives de l'Adriatique ; elle retrouve Raguse, les vallées de la Valteline, de Bormio et de Chiavenna ; le royaume d'Italie, et celle partie des Étals du saint-père située sur la riye gauche du Pô.

Ainsi refaite, l'Autriche se trouve au grand complet, et n'aura à regretter que Panne, qui doit revenir au duc de Lucques à la mort de Marie-Louise.

Sa population est de trente-trois millions cinq cent mille individus, et son territoire de douze mille deux cent soixante et une lieues carrées.

Éludions la Prusse à son tour : elle aussi, comme la Russie, a grandi à vue d'œil; elle aussi couve une immense ambition; elle aussi est destinée à apporter dans la balance une épée plus militaire que guerrière, l'épée du grand Frédéric.

La Prusse est un royaume de fondation toute moderne. Au moment où Frédéric Ier, reconnu par l'empereur, se couronne roi, elle renferme seulement la margraviat héréditaire de Nuremberg, le margraviat de Brandebourg, cette portion des Marches que les chevaliers Teutoniques avaient arrachée à la Pologne, Clèves, Juliers, la Poméranie, les duchés et principautés de Magdebourg, Halberstadt, Minden et Camin.

C'est cette réunion de provinces, s'appelant Électorat de Brandebourg, qui forme le royaume de Frédéric Ier en 1701.

Voyons ce qu'il deviendra sous son petit-fils, Frédéric II, qu'on appellera le grand Frédéric.