Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/250

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— Si vous ne tuez pas, vous faites un acte ridicule ; si vous vous tuez, vous tachez de sang la robe nuptiale de la princesse. — Page 251.

— Eh bien ! Votre Altesse a deviné juste ; j’ai, en effet, une requête à lui présenter.

— Bon ! parle.

Le chevalier de Lorraine devint tout yeux et tout oreilles ; il lui semblait que chaque grâce obtenue par un autre était un vol qui lui était fait.

Et comme de Guiche hésitait :

— Est-ce de l’argent ? demanda le prince. Cela tomberait à merveille, je suis richissime ; M. le surintendant des finances m’a fait remettre cinquante mille pistoles.

— Merci à Votre Altesse ; mais il ne s’agit pas d’argent.

— Et de quoi s’agit-il ? Voyons.

— D’un brevet de fille d’honneur.

— Tudieu ! Guiche, quel protecteur tu fais, dit le prince avec dédain ; ne me parleras-tu donc jamais que de péronnelles ?

Le chevalier de Lorraine sourit ; il savait que c’était déplaire à Monseigneur que de protéger les dames.

— Monseigneur, dit le comte, ce n’est pas moi qui protège directement la personne dont je viens de vous parler ; c’est un de mes amis.

— Ah ! c’est différent ; et comment se nomme la protégée de ton ami ?

— Mademoiselle de La Baume Le Blanc de La Vallière, déjà fille d’honneur de Madame douairière.

— Fi ! une boiteuse, dit le chevalier de Lorraine en s’allongeant sur son coussin.