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Préparatifs de la réception de Louis XIV à Blois.

de-chausses et la vida ; elle renfermait un petit portefeuille, une clef d’or et quelque monnaie blanche.

De cette monnaie il composa le total d’un louis.

— Merci, Monsieur, dit Cropole. Maintenant, il me reste à savoir si Monsieur compte habiter demain encore son appartement, auquel cas je l’y maintiendrais ; tandis que si Monsieur n’y comptait pas, je le promettrais aux gens de Sa Majesté qui vont venir.

— C’est juste, fit l’inconnu après un assez long silence, mais comme je n’ai plus d’argent, ainsi que vous l’avez pu voir, comme cependant je garde cet appartement, il faut que vous vendiez ce diamant dans la ville ou que vous le gardiez en gage.

Cropole regarda si longtemps le diamant, que l’inconnu se hâta de dire :

— Je préfère que vous le vendiez, Monsieur, car il vaut trois cents pistoles. Un juif, y a-t-il un juif dans Blois ? vous en donnera deux cents, cent cinquante même ; prenez ce qu’il vous en donnera, ne dût-il vous en offrir que le prix de votre logement. Allez !

— Oh ! Monsieur, s’écria Cropole, honteux de l’infériorité subite que lui rétorquait l’inconnu par cet abandon si noble et si désintéressé, comme aussi par cette inaltérable patience envers tant de chicanes et de soupçons ; oh ! Monsieur, j’espère bien qu’on ne vole pas à Blois comme vous le paraissez croire, et le diamant s’élevant à ce que vous dites…

L’inconnu foudroya encore une fois Cropole de son regard azuré.

— Je ne m’y connais pas, Monsieur, croyez-le bien, s’écria celui-ci.

— Mais les joailliers s’y connaissent, inter-