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LES FRÈRES CORSES

monde ? Je suis entraîné malgré moi ; je vais où la fatalité me pousse. Il vaudrait mieux que je n’y allasse pas, je le sais bien, et cependant j’irai.

— Ainsi donc, demain à l’Opéra ?

— Oui.

— À quelle heure ?

— À minuit et demi, si vous le voulez.

— Où cela ?

— Au foyer. À une heure, j’ai rendez-vous devant la pendule.

— C’est convenu.

Nous nous serrâmes la main, et il sortit vivement.

Midi était près de sonner.

Quant à moi, j’occupai l’après-midi et toute la journée du lendemain à ces courses indispensables à un homme qui vient de faire un voyage de dix-huit mois.

Et le soir, à minuit et demi, j’étais au rendez-vous.

Louis se fit attendre quelque temps ; il avait suivi dans les corridors un masque qu’il avait cru reconnaître ; mais le masque s’était perdu dans la foule, et il n’avait pu le rejoindre.

Je voulus parler de la Corse ; mais Louis était trop distrait pour suivre un si grave sujet de conversation ; ses yeux étaient constamment fixés sur la pendule, et tout à coup il me quitta en s’écriant :

— Ah ! voilà mon bouquet de violettes, dit-il.

Et il fendit la foule pour arriver jusqu’à une femme