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LES FRÈRES CORSES

perde ou gagne son pari, je vous demande le secret sur toute cette aventure.

Le secret fut promis d’une même voix, non pas probablement par un sentiment bien profond des convenances sociales, mais parce qu’on avait très-faim, et, par conséquent, qu’on était pressé de se mettre à table.

— Merci, monsieur, dit de Franchi à D… en lui tendant la main ; je vous assure que vous venez de faire acte de galant homme.

On passa dans la salle à manger, et chacun prit sa place. Deux places restèrent vacantes : c’étaient celles de Château-Renaud et de la personne qu’il devait amener.

Le domestique voulut enlever les couverts.

— Non, dit le maître de la maison, laissez ; Château-Renaud a jusqu’à quatre heures. À quatre heures, vous desservirez ; à quatre heures sonnantes, il aura perdu.

Je ne quittais pas du regard M. de Franchi ; je le vis tourner les yeux vers la pendule ; elle marquait trois heures quarante minutes.

— Allez-vous bien ? demanda Louis froidement.

— Cela ne me regarde pas, dit en riant D… ; cela regarde Château-Renaud, j’ai fait régler ma pendule sur sa montre, afin qu’il ne se plaigne pas d’avoir été surpris.

— Eh ! messieurs, dit le bouquet de myosotis, pour Dieu ! puisqu’on ne peut pas parler de Château-Renaud