Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
LES FRÈRES CORSES

sortent d’ici il y a deux heures à peine, et il vous a fallu le temps de nous prévenir.

— N’importe, dit le baron Giordano, Louis a raison.

— Maintenant, dis-je à Louis, il faut cependant que nous sachions quelle arme vous préférez de l’épée ou du pistolet.

— Oh ! mon Dieu, je vous l’ai dit, cela m’est parfaitement égal, attendu que je ne suis familier ni avec l’une ni avec l’autre. D’ailleurs, M. de Château-Renaud m’épargnera l’embarras du choix. Il se regardera sans doute comme l’offensé, et, à ce titre, il pourra prendre l’arme qui lui conviendra.

— Cependant l’offense est discutable. Vous n’avez rien fait autre chose que présenter le bras qu’on réclamait de vous.

— Écoutez, me dit Louis : toute discussion, à mon avis, pourrait prendre la tournure d’un désir d’arrangement. J’ai des goûts fort paisibles, comme vous le savez ; je suis loin d’être duelliste, puisque c’est la première affaire que j’ai ; mais c’est justement à cause de toutes ces raisons que je veux être beau joueur.

— Cela vous est bien aisé à dire, mon cher ; vous ne jouez que votre vie, vous, et vous nous laissez à nous, en face de toute votre famille, la responsabilité de ce qui arrivera.

— Oh ! quant à cela, soyez tranquilles, je connais ma mère et mon frère. Ils vous demanderont : « Louis