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LES FRÈRES CORSES

comme un homme sûr de son adresse. Peut-être savait-il, d’ailleurs, que c’était la première fois que Louis de Franchi touchait un pistolet.

Louis était calme et froid ; sa belle tête avait l’air d’un buste de marbre.

— Eh bien, messieurs, dit Château-Renaud, vous le voyez, nous attendons.

Louis me jeta un dernier regard ; puis, avec un sourire, il leva les yeux au ciel.

— Allons, messieurs, dit Châteaugrand, préparez-vous.

Puis, frappant ses mains l’une contre l’autre :

— Une fois… dit-il, deux fois… trois fois…

Les deux coups ne formèrent qu’une seule détonation.

Au même instant, je vis Louis de Franchi faire deux tours sur lui-même et tomber sur un genou.

M. de Château-Renaud resta debout ; le revers de sa redingote seulement avait été traversé.

Je me précipitai vers Louis de Franchi.

— Vous êtes blessé ? lui dis-je.

Il essaya de me répondre, mais inutilement ; une mousse sanglante parut sur ses lèvres.

En même temps, il laissa tomber le pistolet et porta la main au côté droit de sa poitrine.

À peine voyait-on sur la redingote un trou à fourrer le bout du petit doigt.