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LES FRÈRES CORSES

Nos adversaires arrivèrent à neuf heures juste. Ils étaient à cheval tous trois et suivis d’un domestique à cheval aussi.

M. de Château-Renaud avait la main dans son habit, et je crus d’abord qu’il portait son bras en écharpe.

À vingt pas de nous, ces messieurs descendirent et jetèrent la bride de leurs chevaux aux domestiques.

M. de Château-Renaud resta en arrière, mais jeta cependant les yeux sur Lucien ; tout éloigné que nous étions de lui, je le vis pâlir. Il se retourna, et, de la cravache qu’il portait à la main gauche, s’amusa à couper les petites fleurs qui poussaient sur le gazon.

— Nous voici, messieurs, dirent MM. de Châteaugrand et de Boissy. Mais vous savez nos conditions, c’est que ce duel est le dernier, et que, quelle qu’en soit l’issue, M. de Château-Renaud n’aura plus à répondre à personne du double résultat.

— C’est convenu répondîmes-nous, Giordano et moi.

Lucien s’inclina en signe d’assentiment.

— Vous avez des armes, messieurs ? demanda le vicomte de Châteaugrand.

— Les mêmes.

— Et elles sont inconnues à M. de Franchi ?

— Beaucoup plus qu’à M. de Château-Renaud. M. de Château-Renaud s’en est servi une fois. M. de Franchi ne les a pas encore vues.

— C’est bien, messieurs. Viens, Château-Renaud.