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OTHON L’ARCHER

pouvait être reconnu par quelques-uns des seigneurs qui étaient venus à la fête de la veille ou par l’archevêque de Cologne lui-même, messire Walerand de Juliers, qui était un des plus vieux et des plus fidèles amis de son père.

Lorsque Othon eut fait sa prière, il regarda autour de lui et vit avec étonnement qu’au nombre des spectateurs se trouvait une si grande quantité d’archers de différents pays, que sa première pensée fut que la messe que l’on disait était célébrée en l’honneur de saint Sébastien, protecteur de la corporation. Il s’en informa aussitôt à celui qui se trouvait le plus proche de lui, et il apprit alors qu’ils se rendaient à la fête de l’arc, que donnait tous les ans, à la même époque, le prince Adolphe de Clèves, l’un des seigneurs les plus riches et les plus renommés parmi ceux dont les châteaux s’élèvent depuis Strasbourg jusqu’à Nimègue.

Othon sortit aussitôt de l’église, se fit indiquer le tailleur le mieux assorti de la ville, changea ses habits de velours et de soie contre un justaucorps de drap vert serré avec une ceinture de cuir, acheta un arc du meilleur bois d’érable qu’il put trouver, choisit une trousse garnie de ses douze flèches, puis, ayant demandé à quelle hôtellerie se réunissaient plus particulièrement les archers, et, ayant appris que c’était au Héron-d’Or, il se dirigea vers cette auberge, qui était située sur la route de Verdingen, en dehors de la porte de l’Aigle.