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OTHON L’ARCHER

Dix heures, dix heures et demie et onze heures sonnèrent successivement sans qu’il se fût aperçu de la marche du temps, et sans que rien fût venu troubler ses réflexions. Cependant la fatigue physique commençait à lutter avec la préoccupation morale, et, lorsque onze heures et demie sonnèrent, il était temps qu’arrivât la fin de sa veille ; car ses yeux se fermaient malgré lui.

En conséquence, il réveilla Hermann, qui devait lui succéder, en lui annonçant que son tour était venu.

Hermann se réveilla de fort mauvaise humeur : il rêvait qu’il faisait rôtir un chevreuil qu’il venait de tuer, et, au moment de faire du moins en rêve un bon souper, il se retrouvait à jeun, l’estomac vide et sans aucune chance de le remplir ! Fidèle à la consigne donnée, il n’en céda pas moins sa place à Othon et prit la sienne.

Othon se coucha ; ses yeux à demi ouverts distinguèrent encore pendant quelque temps, d’une manière incertaine, les objets qui l’entouraient, et, parmi ces objets, Hermann debout contre une des colonnes massives de la cheminée ; bientôt tout se confondit dans une vapeur grisâtre, où chaque chose perdit sa forme et sa couleur ; enfin, il ferma les yeux tout à fait et s’endormit.

Hermann était, comme nous l’avons dit, resté debout contre un des supports massifs de la cheminée,