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OTHON L’ARCHER

Une vingtaine d’archers succombèrent à cette première épreuve et se retirèrent, honteux et accompagnés des rires des spectateurs, dans une enceinte réservée où devaient bientôt les rejoindre de nouveaux compagnons d’infortune.

Au second tour, le nombre fut plus considérable encore, car plus la tâche devenait difficile, plus il devait y avoir d’exclus. Enfin, au troisième, il ne resta pour disputer le prix que onze tireurs, parmi lesquels se trouvaient Frantz, Hermann et Othon. C’était l’élite des archers depuis Strasbourg jusqu’à Nimègue. Aussi l’attention redoubla-t-elle, et les tireurs eux-mêmes, qui n’avaient plus droit à la lutte, oubliant leur défaite, partagèrent-ils cette attente générale, faisant chacun des vœux pour que le sort qui les avait abandonnés protégeât un ami, un compatriote ou un frère.

Une nouvelle convention fut faite alors entre les archers eux-mêmes, c’est qu’une quatrième épreuve allait être tentée : toute flèche qui ne toucherait pas, cette fois, le noir lui-même devait exclure son tireur et réduire encore le nombre des concurrents. Sept tireurs succombèrent ; Frantz et Hermann avaient fait le coup qu’en terme de tir on appelle baillet, c’est-à-dire qu’ils avaient mis leurs flèches moitié noir. Mildar et Othon avaient fait coup franc et en plein but.

Ce Mildar, que nous nommons pour la première fois, était un archer du comté de Ravenstein, dont la répu-