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OTHON L’ARCHER

les autres celle qu’il avait prise, secoua la tête pour écarter ses longs cheveux blonds, que le mouvement qu’il avait fait avait ramenés sur ses yeux ; puis, calme et souriant comme l’Apollon Pythien, il posa sa flèche sur son arc, la leva lentement à la hauteur du but et de son œil, ramena sa main droite en arrière, jusqu’à ce que la corde de l’arc touchât presque son épaule, demeura un instant immobile comme un archer de pierre ; puis tout à coup on vit passer la flèche comme un éclair et en même temps disparaître la marguerite. Othon avait tenu ce qu’il avait promis, et sa flèche avait remplacé au centre du but la flèche de Mildar.

Un cri de surprise sortit de toutes les bouches, la chose tenait du miracle. Othon se tourna vers le prince et salua. Héléna rougit de plaisir et Ravenstein de dépit.

Alors le prince Adolphe de Clèves se leva et déclara qu’à partir de ce moment il comptait deux vainqueurs, que par conséquent il y aurait deux prix : l’un serait la toque brodée par sa fille, l’autre, la chaîne d’or qu’il portait lui-même au cou. Cependant, comme cette lutte d’adresse l’intéressait ainsi que toute l’assemblée, il désirait que chacun des adversaires proposât une dernière épreuve à son choix, que l’autre serait obligé d’admettre. Othon et Mildar acceptèrent en hommes qui l’eussent demandée, si on ne la leur eût pas offerte, et la foule, joyeuse de voir prolonger un spectacle si inté-