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OTHON L’ARCHER

ferte, aux yeux d’Héléna, il devenait véritablement un simple archer, et mieux valait penser à s’éloigner d’elle que d’être ainsi classé devant elle. Il en était là de ses réflexions, lorsque le prince passa donnant le bras à sa mie.

Othon fit un mouvement vers le prince, et le prince, qui vit que le jeune homme voulait lui parler, s’arrêta.

— Monseigneur, dit le jeune archer, pardonnez-moi si j’ose vous adresser une pareille question : mais est-ce réellement par votre ordre que cet homme est venu pour me couper les cheveux ?

— Sans doute, répondit le prince étonné. Pourquoi cela ?

— C’est que Votre Seigneurie ne m’a point parlé de cette condition lorsqu’elle m’a offert de prendre du service parmi ses archers.

— Je ne t’ai point parlé de cette condition, dit le prince, parce que je n’ai pas pensé que tu eusses l’espérance de conserver une parure qui n’est point de ton état. Es-tu d’origine noble pour porter des cheveux longs comme un baron ou un chevalier ?

— Et cependant, dit le jeune homme éludant la question, si j’eusse su que Votre Seigneurie exigeât de moi un pareil sacrifice, peut-être eussé-je refusé ses offres, quelque désir que j’eusse eu de les accepter.

— Il est encore temps de retourner en arrière, mon