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OTHON L’ARCHER

fille, qui ne demandait pas mieux que de trouver un prétexte pour rester avec Othon.

Othon fit un signe de la tête, indiquant qu’il se rappelait la distance qu’Héléna voulait bien oublier, et resta debout auprès d’elle.

— Vous savez, dit la jeune fille, que Godefroy de Bouillon était l’oncle de la princesse Béatrix de Clèves, notre aïeule.

— Je sais cela, répondit en s’inclinant le jeune homme.

— Mais, ce que vous ignorez, continua Héléna, c’est que le prince Robert de Clèves, qui avait épousé la sœur du héros brabançon, résolut de suivre son beau-frère à la croisade, et, malgré les prières de sa fille Béatrix, prépara tout pour accomplir cette sainte résolution. Godefroy, si pieux qu’il fût, avait d’abord voulu le détourner de ce projet, car, en partant pour la terre sainte, Robert laissait seule et sans appui sa fille unique, âgée de quatorze ans à peine. Mais rien ne put arrêter le vieux soldat, et, à tout ce qu’on put lui dire, il répondit par la devise qu’il avait déjà inscrite sur sa bannière :

« Dieu le veut !

« Godefroy de Bouillon devait prendre, en passant, son beau-frère : le chemin de la croisade était tracé à travers l’Allemagne et la Hongrie, et cela ne l’écartait point de sa route ; d’ailleurs, il voulait dire adieu à sa