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OTHON L’ARCHER

nait bien droit au château ; car, aussitôt qu’elle fut en face, le cygne prit terre, le chevalier se couvrit la tête de son casque, passa son écu au bras gauche, sauta sur le rivage, tira son cheval après lui, s’élança en selle, et, faisant un signe de la main à l’oiseau obéissant, il s’avança vers le château, tandis que la barque reprenait, en remontant le fleuve, la route qu’elle avait suivie en le descendant.

« Arrivée cinquante pas de la porte principale, le chevalier prit un cor d’ivoire qu’il portait en sautoir, et, l’approchant de ses lèvres, il en tira trois sons puissants et prolongés comme pour commander le silence ; puis ensuite, d’une voix forte :

« — Moi, cria-t-il, soldat du Ciel et noble de la terre, à toi Gérard, châtelain du château, ordonnons, au nom des lois divines et humaines, de renoncer à tes prétentions sur la main de la princesse Béatrix, que tu tiens prisonnière au mépris de sa naissance et de son rang, et de quitter à l’instant même ce château, où tu es entré comme serviteur et où tu oses commander en maître ; faute de quoi, nous te défions à outrance, à la lance et à l’épée, à la hache et au poignard, comme un traître et un déloyal que tu es, ce que nous prouverons avec l’aide de Dieu et de Notre-Dame du mont Carmel ; en signe de quoi, voici notre gant.

« Alors le chevalier tira son gant, qu’il jeta à terre, et l’on vit briller à l’un de ses doigts le diamant que