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OTHON L’ARCHER

« — Ne t’ai-je pas dit que ce que tu demanderais te serait accordé ? Après avoir cru à ma parole pendant ta vie, douteras-tu de ma parole après ta mort ? »

« — Eh bien, monseigneur Jésus ! » lui répondis-je, vous qui lisez au plus profond du cœur des hommes, vous savez avec quel regret je suis mort ; pendant quatre ans, j’avais nourri un espoir bien doux : c’était d’unir celui que j’aime comme un frère à celle que j’aime comme une fille ; la mort les a séparés. Rodolphe d’Alost est mort pour votre sainte cause. Eh bien, monseigneur Jésus, rendez-lui les jours qu’il devait vivre, et permettez qu’il aille au secours de sa fiancée, qu’un grand danger presse en ce moment, si j’en crois le son de la clochette qui ne cesse de retentir, preuve qu’elle ne cesse de prier.

« — Qu’il soit fait ainsi que tu le désires, » dit le Christ ; « que Rodolphe d’Alost se lève et aille au secours de sa fiancée. Je lui donne congé de la tombe jusqu’au jour où sa femme lui demandera qui il est, d’où il vient et qui l’a envoyé. Ces trois questions seront le signe auquel il reconnaîtra que je le rappelle à moi.

« — Seigneur ! Seigneur ! » m’écriai-je une seconde fois, « que votre saint nom soit béni.

« À peine avais-je prononcé ces paroles, qu’il passa comme un nuage entre moi et le ciel, et que tout disparut.