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OTHON L’ARCHER

l’autre : c’était l’éclair croisant l’éclair, deux dards de serpents qui jouent.

Cependant une pareille lutte ne pouvait durer ; les blessures du comte, si légères qu’elles fussent, laissaient échapper du sang qui coulait jusque sur les housses de son cheval ; le sang s’amassait dans le casque, et, de temps en temps, le comte était obligé de souffler par les trous de sa visière. Il sentit que ses forces commençaient à diminuer et que ses regards se troublaient ; l’adresse de son adversaire lui était maintenant trop visiblement démontrée pour qu’il espérât rien de son épée ; aussi, prenant une résolution désespérée, d’une main il jeta loin de lui l’arme inutile, et de l’autre il arracha vivement la hache qui pendait à l’arçon de sa selle. Le chevalier en fit autant avec une justesse et une promptitude qui tenaient de la magie, et les deux adversaires se retrouvèrent prêts à recommencer un nouveau combat, qui, cette fois, ne pouvait manquer d’être décisif.

Mais, aux premiers coups qu’ils se portèrent, les deux champions s’aperçurent avec étonnement que les choses avaient changé de face : c’était le comte de Ravenstein qui se tenait sur la défensive, et c’était le chevalier au cygne d’argent qui attaquait à son tour, et cela avec une telle force et une telle rapidité, qu’il était impossible de suivre des yeux l’arme courte et massive qui flamboyait dans sa main. Le comte se montra un in-