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LES FRÈRES CORSES

— Si cependant, reprit Lucien, vous préférez achever tranquillement votre souper, remonter dans votre chambre, et vous chauffer les pieds en fumant votre cigare…

— Non pas ! non pas ! m’écriai-je. Diable ! vous m’avez promis un bandit ; il me le faut.

— Eh bien, allons donc prendre nos fusils, et en route !

Je saluai respectueusement madame de Franchi, et nous sortîmes, précédés par Griffo, qui nous éclairait.

Nos préparatifs ne furent pas longs.

Je ceignis une ceinture de voyage que j’avais fait faire avant de partir de Paris, à laquelle pendait une espèce de couteau de chasse, et qui renfermait d’un côté ma poudre, et de l’autre mon plomb.

Quant à Lucien, il reparut avec sa cartouchière, un fusil à deux coups de Manton, et un bonnet pointu, chef-d’œuvre de broderie sorti des mains de quelque Pénélope de Sullacaro.

— Irai-je avec Votre Excellence ? demanda Griffo.

— Non, c’est inutile, reprit Lucien ; seulement, lâche Diamante ; il serait possible qu’il nous fît lever quelque faisan, et, par ce clair de lune-là, on pourrait tirer comme en plein jour.

Un instant après, un grand chien épagneul bondissait en hurlant de joie autour de nous.

Nous fîmes dix pas hors de la maison.