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LES FRÈRES CORSES

— C’est vrai, dit Lucien en riant ; n’avez-vous pas près de Paris une montagne qu’on appelle Montmartre ?

— Oui ; mais, outre Montmartre, que je ne renie pas, j’ai encore gravi quelques autres montagnes qu’on appelle le Rigbi, le Faulhorn, la Gemmi, le Vésuve, Stromboli, l’Etna.

— Oh ! mais, maintenant, voilà que, tout au contraire, c’est vous qui allez me mépriser de ce que je n’ai jamais gravi que le monte Rotondo. En tout cas, nous voici arrivés. Il y a quatre siècles, mes aïeux vous auraient ouvert leur porte, et vous auraient dit : « Soyez le bienvenu dans notre château. » Aujourd’hui, leur descendant vous montre cette brèche et vous dit : « Soyez le bienvenu dans nos ruines. »

— Ce château a-t-il donc appartenu à votre famille depuis la mort de Vicentello d’Istria ? demandai-je alors, reprenant la conversation où nous l’avions laissée.

— Non ; mais, avant sa naissance ; c’était la demeure de notre aïeule à tous, la fameuse Savilia, veuve de Lucien de Franchi.

— N’y a-t-il pas dans Filippini une terrible histoire sur cette femme ?

— Oui… S’il faisait jour, vous pourriez encore voir d’ici les ruines du château de Valle ; c’est là qu’habitait le seigneur de Giudice, aussi haï qu’elle était aimée, aussi laid qu’elle était belle. Il en devint amou-