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LES FRÈRES CORSES

par laquelle Orlandi nous était apparu, s’arrêtèrent là debout, se détachant en vigueur sur la lueur de la lune, qui semblait baigner les contours de leurs deux silhouettes sombres d’un fluide d’argent.

Alors seulement, je pus regarder Orlandi avec attention.

C’était un homme de haute taille, portant la barbe dans toute sa longueur et vêtu exactement de la même façon que le jeune de Franchi, à l’exception cependant que ses habits portaient la trace d’un fréquent contact avec le maquis dans lequel vivait leur propriétaire, les ronces à travers lesquels plus d’une fois il avait été obligé de fuir, et la terre sur laquelle il couchait chaque nuit.

Je ne pouvais entendre ce qu’ils disaient, d’abord parce qu’ils étaient à une vingtaine de pas de moi, ensuite parce qu’ils parlaient le dialecte corse.

Mais je m’apercevais facilement à leurs gestes que le bandit réfutait, avec une grande chaleur, une suite de raisonnements que le jeune homme exposait avec un calme qui faisait honneur à l’impartialité qu’il mettait dans cette affaire.

Enfin, les gestes d’Orlandi devinrent moins fréquents et plus énergiques ; sa parole elle-même sembla s’alanguir ; sur une dernière observation, il baissa la tête ; puis enfin, au bout d’un instant, tendit la main au jeune homme.