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LES FRÈRES CORSES

couperai toujours six balles sur douze à la lame d’un couteau.

J’ôtai mon chapeau et je saluai Lucien.

— Et votre frère, lui demandai-je, est-il de votre force ?

— Mon frère ? reprit-il. Pauvre Louis ! il n’a jamais touché ni un fusil ni un pistolet. Aussi ma crainte est-elle toujours qu’il ne se fasse à Paris quelque mauvaise affaire ; car, brave comme il est, et pour soutenir l’honneur du pays, il se ferait tuer.

Et Lucien poussa le faisan dans la poche de sa grande poche de velours.

— Maintenant, dit-il, mon cher Orlandi, à demain.

— À demain, monsieur Lucien.

— Je connais votre exactitude ; à dix heures, vous, vos amis et vos parents, vous serez au bout de la rue, n’est-ce pas ? Du côté de la montagne, à la même heure, et au bout opposé de la rue, Colona se trouvera de son côté avec ses parents et ses amis. Nous, nous serons sur les marches de l’église.

— C’est dit, monsieur Lucien ; merci de la peine. Et vous, monsieur, continua Orlandi en se tournant de mon côté et en me saluant, merci de l’honneur.

Et, sur cet échange de compliments, nous nous séparâmes. Orlandi, rentrant dans le maquis, et nous reprenant le chemin du village.

Quant à Diamante, il resta un moment indécis entre