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LES FRÈRES CORSES

votre frère, comme de son côté, sans doute, il éprouve les vôtres.

— Et de trois.

— Mais, lorsque madame de Franchi, à propos de ce sentiment de tristesse que vous avez éprouvé, et qui vous fait croire à quelque événement fâcheux arrivé à votre frère, vous a demandé si vous étiez sûr qu’il ne fût pas mort, vous avez répondu : « Non, s’il était mort, je l’aurais revu. »

— Oui, c’est vrai, j’ai répondu cela.

— Eh bien, si l’explication de ces paroles peut entrer dans une oreille profane, expliquez-les-moi, je vous prie.

La figure du jeune homme avait pris, à mesure que je parlais, une teinte si grave, que je prononçai les derniers mots en hésitant.

Il se fît même, après que j’eus cessé de parler, un moment de silence entre nous deux.

— Tenez, lui dis-je, je vois bien que j’ai été indiscret ; prenons que je n’ai rien dit.

— Non, me dit-il ; seulement, vous êtes un homme du monde, et, par conséquent, vous avez l’esprit quelque peu incrédule. Eh bien, je crains de vous voir traiter de superstition une ancienne tradition de famille qui subsiste chez nous depuis quatre cents ans.

— Écoutez, lui dis-je, je vous jure une chose, c’est que personne, sous le rapport des légendes et des tra-