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LES FRÈRES CORSES

une conversation qui m’est aussi agréable qu’à vous ? Tenez, voici mon domestique qui vient m’annoncer que le déjeuner est servi. Faites-moi le plaisir de manger une côtelette avec moi, et alors nous causerons tout à notre aise.

— Impossible, et à mon grand regret. J’ai reçu hier une lettre de M. le garde des sceaux, qui me prie de passer aujourd’hui, à midi, au ministère de la justice, et vous comprenez bien que, moi, pauvre petit avocat en herbe, je ne puis faire attendre un si grand personnage.

— Ah ! mais c’est probablement pour l’affaire des Orlandi et des Colona qu’il vous fait appeler.

— Je le présume, et, comme mon frère me dit que la querelle est terminée…

— Par-devant notaire, je puis vous en donner des nouvelles certaines ; j’ai signé au contrat comme parrain d’Orlandi.

— En effet, mon frère me dit quelques mots de cela.

— Écoutez, me dit-il en tirant sa montre, il est midi moins quelques minutes ; je vais d’abord annoncer à M. le garde des sceaux que mon frère a acquitté ma parole.

— Oh ! religieusement, je vous en réponds.

— Ce cher Lucien ! je savais bien que, quoique ce ne fût pas dans ses sentiments, il le ferait.

— Oui, et il faut lui en savoir gré ; car, je vous en réponds, la chose lui a coûté.