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Comme il faisait déjà nuit et que sans doute le marchand de ferraille était pressé, ce dernier avait déjà fait une trentaine de pas lorsque Samuel sortit de l’hôtel.

Celui-ci fut donc obligé d’appeler le marchand de ferraille.

Celui-ci s’arrêta avec crainte et jeta un coup d’œil perçant sur l’homme qui venait à lui ; mais le voyant chargé de marchandises, il s’arrêta.

— Que voulez-vous, mon ami ? lui dit-il.

— Eh ! pardieu ! dit le laquais d’un air fin, ce que je veux, c’est faire affaire avec vous.

— Eh bien ! alors, faisons vite.

— Vous êtes pressé ?

— Oui.

— Oh ! vous me donnerez bien le temps de souffler, que diable !

— Sans doute, mais soufflez vite, on m’attend.

Il était évident que le marchand conservait une certaine défiance à l’endroit du laquais.

— Quand vous aurez vu ce que je vous apporte, dit ce dernier, comme vous me paraissez amateur, vous prendrez votre temps.

— Et que m’apportez-vous ?

— Une magnifique pièce, un ouvrage dont… Mais vous ne m’écoutez pas ?

— Non, je regarde.

— Quoi ?

— Vous ne savez donc pas, mon ami, dit l’homme aux cuirasses, que le commerce des armes est défendu par un édit du roi ?

Et il jetait autour de lui des regards inquiets.

Le laquais jugea qu’il était bon de paraître ignorer.

— Je ne sais rien, moi, dit-il ; j’arrive de Mont-de-Marsan.

— Ah ! c’est différent alors, dit l’homme aux cuirasses, que cette réponse parut rassurer un peu ; mais quoique vous