Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/124

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M. le duc de Guise sait ce que vous ne savez pas, Messieurs : c’est que cette vieille alliance, mal rompue entre le duc d’Anjou et le Béarnais, est prête à se renouer. Il s’agit d’occuper l’Espagne du côté de la Navarre, et de l’empêcher de nous envoyer des armes et de l’argent. Or, M. le duc veut être, avant de rien faire et surtout avant de venir à Paris, en état de combattre l’hérésie et l’usurpation. Mais, à défaut de M. de Guise, nous avons M. de Mayenne qui se multiplie comme général et comme conseiller, et que j’attends d’un moment à l’autre.

— C’est-à-dire, interrompit Bussy, et ce fut à ce moment qu’il haussa les épaules, c’est-à-dire que vos princes sont partout où nous ne sommes pas, et jamais où nous avons besoin qu’ils soient. Que fait madame de Montpensier, par exemple ?

— Monsieur, madame de Montpensier est entrée ce matin à Paris.

— Et personne ne l’a vue ?

— Si fait, Monsieur.

— Et quelle est cette personne ?

— Salcède.

— Oh ! oh ! fit toute l’assemblée.

— Mais, dit Crucé, elle s’est donc rendue invisible ?

— Pas tout à fait, mais insaisissable, je l’espère.

— Et comment sait-on qu’elle est ici ? demanda Nicolas Poulain ; je ne présume pas que ce soit Salcède qui vous l’ait dit.

— Je sais qu’elle est ici, répondit Mayneville, parce que je l’ai accompagnée jusqu’à la porte Saint-Antoine.

— J’ai entendu dire qu’on avait fermé les portes ? interrompit Marteau qui convoitait l’occasion de placer un second discours.

— Oui, Monsieur, répondit Mayneville avec son éternelle politesse dont aucune attaque ne pouvait le faire sortir.

— Comment se les est-elle fait ouvrir, alors ?