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nages importants de la ville connus pour tenir en faveur du roi, de parcourir les rues en criant : Vive la messe ! Mort aux politiques ! et d’allumer ainsi une Saint-Barthélémy nouvelle avec les vieux débris de l’ancienne ; seulement, dans celle-ci, on confondait les catholiques mal pensants avec les huguenots de toute espèce.

En agissant ainsi on servait deux dieux, celui qui règne au ciel et celui qui allait régner sur la France :

L’Éternel et M. de Guise.


XII

LA CHAMBRE DE SA MAJESTÉ HENRI III AU LOUVRE


Dans cette grande chambre du Louvre, où déjà tant de fois nos lecteurs sont entrés avec nous et où nous avons vu le pauvre roi Henri III dépenser de si longues et de si cruelles heures, nous allons le retrouver encore une fois, non plus roi, non plus maître, mais abattu, pâle, inquiet et livré sans réserve à la persécution de toutes les ombres que son souvenir évoque incessamment sous ces voûtes illustres.

Henri était bien changé depuis cette mort fatale de ses amis que nous avons racontée ailleurs : ce deuil avait passé sur sa tête comme un ouragan dévastateur et le pauvre roi, qui, se souvenant sans cesse qu’il était un homme, n’avait mis sa force et sa confiance que dans les affections privées, s’était vu dépouiller, par la mort jalouse, de toute confiance et de toute force, anticipant ainsi sur le moment ter-