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XIII

LE DORTOIR.


Quoiqu’il ne fût encore que dix heures, comme l’avait dit d’Épernon, un silence de mort envahissait déjà le Louvre ; à peine, tant le vent soufflait avec rage, entendait-on le pas alourdi des sentinelles et le grincement des ponts-levis.

En moins de cinq minutes, en effet, les deux promeneurs arrivèrent aux bâtiments de la rue de l’Astruce, qui avaient conservé ce nom, même depuis l’édification de Saint-Germain-l’Auxerrois.

Le duc tira une clef de son aumônière, descendit quelques marches, traversa une petite cour, ouvrit une porte cintrée enfermée sous des ronces jaunissantes, et dont le bas s’embarrassait encore dans de longues herbes.

Il suivit pendant dix pas une route sombre, au bout de laquelle il se trouva dans une cour intérieure que dominait à l’un de ses angles un escalier de pierre.

Cet escalier aboutissait à une vaste chambre, ou plutôt à un immense corridor.

D’Épernon avait aussi la clef de ce corridor.

Il en ouvrit doucement la porte, et fit remarquer à Henri l’étrange aménagement qui, cette porte ouverte, frappait tout d’abord les yeux.

Quarante-cinq lits le garnissaient : chacun de ces lits était occupé par un dormeur.