Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/163

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— En quoi ?

— En ce que tu prétends que tu es le chasseur attendant le gibier à l’affût, tandis que je dis, moi, que tu es au contraire le gibier que le chasseur traque jusque dans son gîte.

— Chicot !

— Voyons, l’homme à l’embuscade, qui as-tu vu venir, dis ?

— Personne, pardieu !

— Il est venu quelqu’un cependant.

— Parmi ceux que je t’ai cités ?

— Non, pas précisément, mais à peu près.

— Et qui est venu ?

— Une femme.

— Ma sœur Margot ?

— Non, la duchesse de Montpensier.

— Elle ! à Paris ?

— Eh ! mon Dieu, oui.

— Eh bien ! quand cela serait, depuis quand ai-je peur des femmes ?

— C’est vrai, on ne doit avoir peur que des hommes. Attends un peu alors. Elle vient en avant-coureur, entends-tu ? elle vient annoncer l’arrivée de son frère.

— L’arrivée de M. de Guise ?

— Oui.

— Et tu crois que cela m’embarrasse ?

— Oh ! toi, tu n’es embarrassé de rien.

— Passe-moi l’encre et le papier.

— Pourquoi faire ? pour signer l’ordre à M. de Guise de rester à Nancy ?

— Justement. L’idée est bonne, puisqu’elle t’est venue en même temps qu’à moi.

— Exécrable ! au contraire.

— Pourquoi ?

— Il n’aura pas plus tôt reçu cet ordre-là qu’il devinera que sa présence est urgente à Paris, et qu’il accourra.