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Chicot était trop philosophe pour être sensible ; il rit sous cape de l’ingratitude de Gorenflot et se gratta le nez et le menton, selon son ordinaire.

— L’eau et le temps, dit-il, sont les deux plus puissants dissolvants que je connaisse : l’un fend la pierre, l’autre l’amour-propre. Attendons.

Et il attendit.

Il était dans cette attente lorsque arrivèrent les événements que nous venons de raconter, et au milieu desquels il lui parut surgir quelques-uns de ces éléments nouveaux qui présagent les grandes catastrophes politiques.

Or comme son roi, qu’il aimait toujours, tout trépassé qu’il était, lui parut, au milieu des événements futurs, courir quelques dangers analogues à ceux dont il l’avait déjà préservé, il prit sur lui de lui apparaître à l’état de fantôme, et, dans ce seul but, de lui présager l’avenir.

Nous avons vu comment l’annonce de l’arrivée prochaine de M. de Mayenne, annonce enveloppée dans le renvoi de Joyeuse, et que Chicot, avec son intelligence de singe, avait été chercher au fond de son enveloppe, avait fait passer Chicot de l’état de fantôme à la condition de vivant, et de la position de prophète à celle d’ambassadeur.

Maintenant que tout ce qui pourrait paraître obscur dans notre récit est expliqué, nous reprendrons, si nos lecteurs le veulent bien, Chicot à sa sortie du Louvre, et nous le suivrons jusqu’à sa petite maison du carrefour Bussy.