Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/216

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— Quoi texte ?

— Celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé.

— Peuh ! fit Gorenflot.

— Allons, voilà qu’il met en doute les textes saints, l’hérétique ! s’écria Chicot en joignant les deux mains.

— Hérétique ! répéta Gorenflot ; ce sont les huguenots, qui sont hérétiques.

— Schismatique alors !

— Voyons, que voulez-vous dire, monsieur Briquet ? En vérité, vous m’éblouissez.

— Rien, sinon que je pars pour un voyage et que je venais vous faire mes adieux. Donc, adieu, seigneur dom Modeste !

— Vous ne me quitterez pas ainsi ?

— Si fait, pardieu !

— Vous ?

— Oui, moi.

— Un ami ?

— Dans la grandeur on n’a plus d’amis.

— Vous, Chicot ?

— Je ne suis plus Chicot, vous me l’avez reproché tout à l’heure.

— Moi ! quand cela ?

— Quand vous avez parlé de ma fausse position.

— Reproché ! ah ! quels mots vous avez aujourd’hui !

Et le prieur baissa sa grosse tête, dont les trois mentons s’aplatirent en un seul contre son cou de taureau.

Chicot l’observait du coin de l’œil, il le vit légèrement pâlir.

— Adieu, et sans rancune pour les vérités que je vous ai dites.

Et il fit un mouvement pour sortir.

— Dites-moi tout ce que vous voudrez, monsieur Chicot, dit dom Modeste ; mais n’ayez plus de ces regards-là pour moi !